"Les souffrances du jeune Werther" Goethe

Voici la quatrième de couverture :

Un serin vole du miroir, et se perche sur son épaule. "Un nouvel ami", dit-elle, et elle l'attira sur sa main. "Il est destiné à mes petits. Il est si joli ! Regardez-le. Quand je lui donne du pain, il bat des ailes, et becquette si gentiment ! Il me baise aussi : voyez."

Lorsqu'elle présente sa bouche au petit animal, il becqueta dans ses douces lèvres... "Il faut aussi qu'il vous baise", dit-elle, et elle me tendit l'oiseau. Son petit bec passa des lèvres de Charlotte aux miennes, et ses picotements furent comme un souffle précurseur, un avant-goût de jouissance amoureuse... "Il mange aussi dans ma bouche", dit-elle. Je détournai le visage.

Nous avons ici une véritable œuvre d'art, une ode à l'amour, un long poème décrivant l'ampleur de la passion qui a submergé le jeune homme notre héros, pour cette jeune femme qui ne lui sera jamais sienne puisque déjà promise à un autre homme. Grâce à la préface (bien utile) de Pierre Bertaux (universitaire germaniste), nous comprenons qu'à l'époque - nous sommes en 1774 - les propos de Goethe ne pouvaient obtenir l'aval de la société de l'époque qui lui reprochait de faire l'éloge du suicide, ce dont Goethe se refuse à admettre. Mais ce petit roman, son premier, se révéla être un tel succès en Allemagne puis dans beaucoup d'autres pays du monde où il a été traduit que même un phénomène de mode se produisit : les hommes s'habillaient en Werther et les femmes en Charlotte ! C'est cette œuvre qui déclencha le romantisme en France dont s'inspira entre autres par la suite Victor Hugo, Musset ou de Vigny.

Il est composé de deux parties. C'est la première fois que je me laisse surprendre de cette façon-là. On sait que sa passion le mènera au suicide mais comme la première personne du singulier est utilisée, on se demande bien comment il va pouvoir le conter. Et c'est d'une façon vraiment originale qu'il termine son œuvre. C'est une pure merveille à relire. 9/10 ★