Papa

Papa nous a quittés mardi 15 juillet 2014 à la suite d'une longue maladie. C'est pourquoi ces derniers mois, le blog est resté bien triste et si peu alimenté.

J'ai eu besoin de lui écrire un dernier hommage que j'ai lu au cimetière. Le voici :


Papa, ta vie se résume en une série de qualificatifs :

DIGNITÉ
Surtout durant les derniers jours de ta vie où tu as fais preuve d'une  incroyable maîtrise de toi pour continuer à donner le change malgré le mal qui te rongeait.

HUMILITÉ
Tu t'es toujours senti plus proche des faibles que tu as toujours aidés durant toute ta vie malgré ton statut.

TOLÉRANCE
Tu acceptais les différences. Tu ne jugeais pas. Si ton opinion différait, tu exposais ton point de vue opposé et tu ne revenais jamais sur le sujet. Quelle merveilleuse technique d'éducation !

PUDEUR
Tu as toujours gardé de grandes réserves afin de ne jamais faire montre de tes sentiments. Tu transmettais ton amour d'une façon toujours discrète.

AUGUSTE
Voici simplement les synonymes du prénom de ton grand-père : Digne, honorable, imposant, majestueux, noble, pitre, respectable, saltimbanque, solennel, vénérable, "paternel pour l'éternel".

INTELLIGENCE
Tu avais réponse à tout. Quelle que soit la question qui t'était posée, tu avais une réponse. Un génie ambulant doté d'une mémoire surprenante, disposant de surcroît d'un talent inhabituel  pour vulgariser la réponse en fonction de la personne. Que nous ayons quatre ou quarante ans, tu adaptais toujours ton discours. Nous ne te dérangions jamais, tu t'es toujours rendu disponible pour nous.

Tu vas me manquer, tu vas nous manquer. Jamais je n'oublierai notre entente, nos éclats de rire moqueurs, les critiques que nous formulions sur tous ces personnages qui passaient sur ton petit écran et nos discussions téléphoniques dominicales. Je n'oublie pas non plus que tu m'amenais à l'école tous les matins dans tes Citroën alors qu'à pieds, je mettais moins de temps. C'étaient nos trois minutes de complicité ! J'étais également heureuse de partir en camp ou en voyage scolaire, rien qu'à l'idée des quelques instants que nous allions partager entre la maison et la gare.

Tu consacrais tout ton temps à ton travail, comme tous les hommes et femmes à venir dans l'entreprise familiale. Nous ne te voyions que le dimanche matin entre un concerto de Chopin et la délicieuse odeur de pain grillé qui restera à jamais gravée dans ma mémoire. Le soir, malgré l'interdiction de notre mère qui se battait dans le vide pour que nous bénéficions d'un nombre d'heures minimal de sommeil, nous luttions pour obtenir quelques minutes d'attention que tu nous accordais systématiquement afin de te faire partager nos premières amours malheureuses ou l'énoooorme blessure qui nécessitait impérativement un soin que seul toi pouvait nous procurer, se résumant la plupart du temps à une pose de Mercurochrome rouge orangé et d'un pansement !

À la maison, nous avons toujours vécu dans le provisoire car il devenait définitif. Sans cesse en travaux, à la maison d'abord, à la campagne et chez les unes et les autres par la suite, tu bricolais, tu construisais, tu conseillais. Tu trouvais toujours le temps. Tu as donné ta vie pour nous.
Et tu offrais ton concours à tous nos amis, qui ne se souviennent que d'un homme merveilleux qui leur apportait parfois plus que leur propre famille. Certains m'ont dit qu'ils te remerciaient de leur avoir donné le goût de se battre pour aller toujours plus loin. Citer les témoignages que j'ai reçus cette semaine prendrait trop de temps.

Collectionneur d'improbables, tu as toujours déniché, récupéré, entassé des milliers d'objets aussi insolites qu'irrécupérables. Tout pouvait toujours servir. Encore eusse-t-il fallu que tu te souviennes où tu les avais refourgués ! Je pouvais passer des heures dans l'une de tes pièces, ces bric-à-brac passionnants nous apportaient toujours une multitude d'informations diverses dans des domaines inouïs. Certes, je t'avoue aujourd'hui qu'avec mes sœurs, nous trouvons ça un peu moins drôle. Il est fastidieux de faire le tri parmi cet amoncellement de bidules dont on ne sait parfois que faire ! Y compris dans ta voiture qui n'était à elle seule qu'un sac de graines de pigeons... Ça crissait en cas de freinage d'urgence !

N'oublions pas Bouly, YouYou chat ou Minou Noir... les dizaines de chats qui ont ponctué ta vie ainsi que les pigeons que tu avais réussi à adopter puisqu'ils t'escortaient dans la rue en suivant les jets de graine que tu prenais par poignées dans tes poches d'imper avant de les lancer discrètement derrière toi, l'air de rien en sifflotant. Éric pourra en témoigner, il a toujours apprécié (!) ces mêmes pigeons se posaient jusque sur ton bureau pourtant situé à plus de cinq mètres de la fenêtre.
Un amoureux de la nature, oui, c'est certain. Un homme qui m'a appris à travailler dans un jardin ou dans une chambre dont j'étais chargée de poser la tenture murale après avoir plâtré, enduit, poncé et peint, bien qu'à l'époque je n'avais que peu conscience du nombre de tes connaissances. Sans être le père idéal, tu resteras le père que je préfère, celui qui me manquera toujours. Aide-moi à apprendre à vivre sans toi.

Merci. C'est le seul mot que j'ai envie de t'adresser aujourd'hui. Merci de m'avoir offert la possibilité d'aimer et de transmettre à mon tour tout l'amour dont j'ai bénéficié. Tes trois derniers mots à mon égard étaient "merci pour tout". Jamais je n'oublierai ce cadeau que tu m'as adressé pour continuer ma vie, sans toi et avec le vide que tu auras laissé en moi. Je vais réapprendre à vivre, je te le promets. Ton absence me rendra plus forte pour qu'à mon tour, je puisse offrir à mes enfants autant d'amour que ce que tu m'as offert durant toutes ces années. Je t'aime. Je ne t'oublierai jamais.

Ta petite fille chérie.

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