L attente de l aube - de William Boyd

7/10 ★ Voici la quatrième de couverture :

En cette fin d'été 1913, le jeune comédien anglais Lysander Rief est à Vienne pour tenter de résoudre - grâce à cette nouvelle science des âmes qu'est la psychanalyse - un problème d'ordre intime. Dans le cabinet de son médecin, il croise une jeune femme hystérique d'une étrange beauté qui lui prouvera très vite qu'il est guéri, avant de l'entraîner dans une histoire invraisemblable dont il ne sortira qu'en fuyant le pays grâce à deux diplomates britanniques, et ce au prix d'un marché peu banal.
Dès lors, Lysander, espion malgré lui, sera contraint de jouer sur le théâtre des opérations d'une Europe en guerre, les grands rôles d'une série de tragi-comédies. Sa mission : découvrir un code secret dont dépend la sécurité des Alliés, et le traître qui en est l'auteur. 
Sexe, scandale, mensonges ou vérités multiples aux frontières élastiques, chaque jour et chaque nuit apportent leur tombereau d'énigmes et de soupçons. L'aube finira-t-elle par se lever sur ce monde de l'ombre, et par dissiper enfin les doutes que sème avec une délectation sournoise chez le lecteur fasciné, l'auteur de cet étonnant roman clair-obscur ?

L'auteur a parfaitement réussi la fabrication de son personnage principal. Nous arrivons rapidement à nous forger une opinion de ce jeune homme d'une trentaine d'années, adulte depuis peu, encore très lié à sa mère, à la recherche d'un équilibre de vie, tout en tombant encore dans le panneau des séductions amoureuses qui vont traverser son existence. William Boyd se perd un petit peu dans une multitude de personnages, alterne descriptions, dialogues, extrait du journal intime... Il passe du "je" au "il" mais nous le suivons car l'intrigue est bien menée. Les relations entretenues avec son psychanalyste sont très intéressantes et bien rapportées. Une des techniques m'a particulièrement captivée, celle du parallélisme. 
Parviendra-t-il à construire une véritable relation avec la jeune fille excentrique rencontrée à Vienne ? Qu'en deviendra-t-il de son engagement auprès de sa fiancée ? Ses déboires amoureux débordent un petit peu du thème que l'on aimerait suivre tout au long du roman tels que les mystères entretenus auprès des diplomates qui l'obligent à participer à cette guerre dont il n'a pas vraiment conscience. L'auteur parvient à faire parler son héros quant à ses réactions suite aux actes qu'il a été contraint de mener durant la guerre et qu'il n'arrive bien évidemment pas à assumer. Il n'a pas le choix, il doit obéir aux ordres. Comment va-t-il continuer à vivre en traînant éternellement ce lourd passé ? Dans beaucoup d'autres romans, comme au quotidien par la voix de nos anciens, grand-parents ou arrières, le sujet n'est jamais abordé car tout ceux qui en sont revenus indemnes n'ont jamais voulu parler de ces quatre années douloureuses. Ici, le sujet est abor, timidement certes mais c'est un fait nouveau et c'est très intéressant. Comment gérer la culpabilité ? Comment supporter un acte commis malgré son choix ?
Un détail, W. Boyd n'a pas précisé un élément capital dans son dernier chapitre et il nous reste à interpréter la fin. Ce n'est pas un bon point. Malgré tout, le texte est très bien rédigé, dans un vocabulaire riche, une littérature plaisante nous accroche sans conteste. Le suspens progressif est entretenu avec finesse.

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