Les hirondelles de Kaboul - Yasmina Khadra
Dans les ruines brûlantes de la cité millénaire de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici, une lapidation de femme, là un stade rempli pour des exécutions publiques. Les Taliban veillent. La joie et le rire sont devenus suspects. Atiq, le courageux moudjahid reconverti en geôlier, traîne sa peine. Toute fierté l'a quitté. Le goût de vivre a également abandonné Mohsen, qui rêvait de modernité. Son épouse Zunaira, avocate, plus belle que le ciel, est désormais condamnée à l'obscurité grillagée du tchadri. Alors Kaboul, que la folie guette, n'a plus d'autres histoires à offrir que des tragédies. Quel espoir est-il permis ? Le printemps des hirondelles semble bien loin encore...
Voici les principaux mots qui se présentent à l'esprit après lecture de ce petit roman : douleur, déchirure, injustice, honneur, souffrance, lutte, combat, échec... La liste pourrait s'étendre sur plusieurs lignes. L'auteur nous décrit une Kaboul déchirée, malmenée par les Taliban, au travers de personnages qui ne peuvent se raccrocher qu'à ce qu'ils ont été puisque tout est détruit, autant leurs biens matériels que leurs espoirs ou tout simplement leur goût de vivre. La ville n'est qu'un amas de gravats que traversent tristement nos héros dans un quotidien dénué de tout intérêt. Alors que la plupart des romans de Yasmina Khadra mettent en avant l'enfance, ici, on ne vit qu'à travers deux couples qui se croisent. Sont décrits ici par exemple les aberrations du lynchage, les prêches interminables et envouteurs des gourous et l'impossibilité pour les femmes de sortir dans la rue sans leur tchadri. Aucun événement particulier ne se présente avant la toute fin du roman où l'on découvre avec effroi comment peut réagir l'être humain face à une situation pourtant commune en Occident, mais traitée d'une façon si différente en Afghanistan. C'est déstabilisant et si surprenant ! Qu'il est enrichissant de découvrir la réaction d'un peuple aussi opposé au nôtre. Jamais on n'aurait pu imaginer une fin aussi terrifiante.
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